Dans un monde marqué par la peur, voire la haine, de celui qui vient bouleverser nos repères familiers, chercher à penser une politique qui fasse de l’accueil une valeur centrale revient à s’exposer, au mieux, à la raillerie, au pire, à l’hostilité. Il faut en prendre le risque tant le règne de la barbarie est à nos portes.
La barbarie sait s’accoutrer pour tromper. Elle sait emprunter d’autres visages, se parer d’autres noms : ceux de la sauvegarde de « notre » identité, de la préservation des valeurs et des principes qui font notre singularité, tant le risque serait grand que les « passants », pauvres et démunis, ne viennent mettre en péril notre modèle social auquel nous proclamons un indéfectible attachement.
Le choix du cosmopolitisme ici défendu tient à ce qui peut être considéré comme un propre de l’humanité, soit le fait de vivre exposés les uns aux autres, et non enfermés dans des cultures et des identités. Notre essentielle vulnérabilité justifie que nous tissions des solidarités, que nous montrions de la considération à l’égard d’autrui. Considération qui est au fondement de l’exigence cosmopolitique comme de l’idéal démocratique.
Alain POLICAR est chercheur associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Agrégé de sciences sociales et docteur en science politique, il a enseigné durant 26 ans à la faculté de droit et des sciences économiques de Limoges. Ses thèmes de recherche sont principalement le racisme, le libéralisme politique et le cosmopolitisme.
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