Le soir du 12 avril 1814, Napoléon tente de se suicider.
Il est à Fontainebleau. Le jour même, il a reçu l'acte de
son abdication, signé par les puissances coalisées qui occupent
Paris. Son sort est réglé : il régnera sur l'île d'Elbe, mais il est
exclu des négociations qui vont décider du sort de la France.
Il écrit une dernière lettre à Marie-Louise :
«Adieu ma douce Louise. Tu es ce que j'aime le plus au
monde. Mes malheurs ne me touchent que par le mal qu'ils te
font. Toute la vie tu aimeras le plus tendre des époux...»
Cette lettre, qu'il confie à Caulaincourt, ne parviendra jamais
à sa destinataire : elle ne devait être remise «qu'après»...
Le poison, sans doute trop ancien, n'occasionna que de violentes
douleurs d'estomac.
Ces quelques lignes concentrent toute la singularité de ce
mariage, conclu sur fond de visées diplomatiques et politiques.
Leur union ne dura que quatre ans, les quatre années terribles
de la fin de l'Empire.
Napoléon combattra en Russie, en Allemagne et en France.
Pendant ses campagnes, il écrira, presque chaque jour, à
son «dolce amore». Des lettres anodines d'abord, celles d'un
bon père de famille éloigné des siens ; puis, peu à peu, leur correspondance
va traduire, en un implacable crescendo, le poids
des drames et des périls. Elle témoigne, en même temps, de
la confiance qui s'établit, au fil des épreuves, entre la jeune
impératrice (elle n'a que 22 ans en 1814) et l'empereur vieillissant.
Elle remet en cause des jugements, sans doute formés dans
l'ignorance de ces lettres, sur «l'Ogre corse» ou la «trahison
de l'Autrichienne».
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