Corneille, le destin d'un écrivain de théâtre
À Rouen, le jeune poète forme mille observations de sociologie urbaine, en phase avec le progrès galopant des échanges d'idées, et de leur plus subtil véhicule, l'art dramatique. En brutal désaccord avec ce début étincelant, Corneille est devenu, pour l'érudit, un colosse de bronze. Les huit pièces précédant Le Cid n'auraient été que de futiles préparatifs, les vingt qui suivent Polyeucte, un labeur essoufflé. Or, dans les courtes années de sa supposée grandeur, il travailla pour se conserver la bienveillance de Richelieu. Contexte fâcheux, brouillé par la pression des théoriciens contre Le Cid.
Afin de retrouver ce qu'il appelle modestement ses broderies de morale et de politique, il importe de voir le reste. À la mort de Richelieu, après Polyeucte, il reprit sa route, déploya un fantastique éventail de formules techniques. Et c'est à l'occasion d'un nouvel éclat, Nicomède, qu'il devait rencontrer, définitivement cette fois, le démon de la broderie politique. De Nicomède à Othon, nous trouvons d'ambitieuses leçons pour toujours.
La guérilla du créateur ne méritait-elle pas d'être vécue, comme au théâtre ? Le présent ouvrage offre une étude cursive, suivie d'un dialogue entre le poète, ses amis, sa famille, et son plus coriace adversaire. Réconcilions Pierre Corneille avec sa méditation et sa vie personnelle ; écoutons ce que, sous les ors d'une poésie qui matérialise les pièges de la grandeur, il « brode ».
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