«Eh bien, mon cher, buvons ce champagne à la santé du démoniaque et du destinal, car je crois que nous avons trouvé là les deux concepts dont nous avions besoin pour fonder cette fameuse science de l'amour dont les hommes rêvent depuis plusieurs millénaires. Oui, oui, Platon déjà tâtonnait, Ovide s'essayait, Stendhal s'approchait, mais nous, eh bien, nous pouvons le dire en toute simplicité : nous avons trouvé.»
Un homme parle à son clone. Il le tutoie. Il est si proche de lui, il le connaît si bien, qu'il peut imaginer ses pensées dans le détail. C'est comme s'il se parlait à lui-même, mais plus jeune. Comme s'il tutoyait son passé. De quoi parlent-ils ? De la passion, de la passion amoureuse. Le sentiment amoureux, point de départ des couples humains, résulte, disent-ils, de deux instincts fondamentaux : le démoniaque, qui désigne tout ce qui relève de la séduction, du plaisir immédiat, de la jouissance ; le destinal, qui désigne tout ce qui relève d'une préoccupation du devenir, de l'inquiétude sur la pérennité du sentiment, sur son avenir.
Au fil de leur conversation, ils tentent de repérer, dans diverses circonstances de l'existence, ces deux dimensions de la passion, de suivre leurs dialogues, leurs associations durables ou passagères, les conséquences de la victoire de l'une sur l'autre.
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