À l'orée des années 1990, la bande dessinée alternative - ici dénommée contrebande - ouvre des brèches au sein du 9e art et suscite un bouleversement durable dans l'ensemble de ce secteur éditorial. Souvent réuni·es autour de revues, celles et ceux qui les fondent tranchent avec la culture du divertissement qui domine alors le versant industriel du domaine. À la fois auteurices et éditeurices, connaissant leurs classiques mais aussi imprégné·es de l'underground des sixties, ses structures historiques s'appellent L'Association, Les Requins Marteaux, Le Dernier Cri, Amok, Fréon, Cornélius, 6 Pieds sous terre, Ego comme X ou Atrabile...
Étudié sur deux générations et sur plus de trente ans d'existence, le phénomène de la contrebande montre en quoi la diversité contemporaine de la bande dessinée est nourrie par une sédimentation culturelle qui associe à la fois expérimentation, légitimation de la discipline, ouverture internationale et soutien de politiques publiques du livre. Outre un décryptage des bouleversements esthétiques qui contribuent à façonner de nouvelles représentations, cet essai propose une lecture politique de la chaîne du livre et une réflexion sur la diffusion de l'art et des idées. À travers une période caractérisée par les concentrations de l'industrie et des médias mais aussi par la généralisation des technologies numériques, il dresse, sans en ignorer les tensions et les contradictions, l'inspirant portrait d'une utopie mise en pratique.
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