Après la réfutation générale d'une doctrine qui séparait Loi et Evangile, en distinguant du Créateur justicier un Dieu de pure bonté révélé par Jésus-Christ, Tertullien aborde la seconde partie de son programme, annoncée dès le livre I : examiner l'appareil scripturaire que Marcion mettait au service de son système. Le livre IV traite de l'évangile marcionite, une reprise avec suppressions et altérations de celui de Luc. Après avoir démontré son inauthenticité du fait de sa non apostolicité, l'auteur s'attache à en suivre pas à pas le déroulement en se fixant comme méthode d'utiliser les textes conservés - et eux seuls - pour convaincre d'inanité la thèse adverse : le Christ qui se découvre ainsi à cet examen n'est pas porteur en lui d'un «autre» dieu que celui de l'Ancien Testament.
Appuyée sur une lecture personnelle, souvent originale, de la Bible grecque, cette polémique reprend les principaux thèmes des livres précédents ; elle les renouvelle par sa vigueur et sa verve, tout en faisant une place à la rhétorique et à divers procédés d'expression pour masquer une inévitable répétitivité.
Ce livre - le plus long jamais écrit par Tertullien - constitue une mine précieuse d'informations concernant le marcionisme, sa doctrine et ses Ecritures ; il apporte en même temps un témoignage capital sur le texte et la traduction latine de l'Evangile, comme sur la réception de celui-ci, entre orthodoxie et hétérodoxie, dans le christianisme du début du IIIe siècle.
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