Parce qu'«Il y a de la sagesse à tirer du plaisir de la folie», selon l'axiome de la préface de Tecserion...
Une conteuse insaisissable, une biographie qui laisse peu de traces: la piste de Mlle de Lubert, fille de magistrat, est difficile à suivre.
Ses contes, en revanche, attirent à eux par le foisonnement offert au lecteur. Mlle de Lubert, une «fanatique de la féerie», selon le mot de Raymonde Robert, hérita de ce goût passionné pour les domaines du merveilleux, et entraîne le lecteur, dans ses contes les plus achevés, vers un tourbillon où le plaisir du méandre est encore supérieur à celui de l'«il était une fois».
Dans les années 1730, et surtout 1740-1750, alors que le conte merveilleux s'épuise et que la vague des contes licencieux et parodiques déferle, notre demoiselle s'entête à suivre la trace d'un «âge d'or» du conte partout dénoncé comme ridicule et à donner encore une fois dans le sérieux de la fantasmagorie. Sa production étrange surgit à la fin de la mode du conte de fées tel qu'on le conçoit depuis les années 1680.
On y voit apparaître des figures hybrides, arcimboldesques, animaux ou personnages proches du bestiaire chers à Mlle de Lubert: fée-léopard, guenon lascive, roi-poisson amoureux, marmotte écorcheuse... Ce qui les rassemble, c'est toujours cette satire, ce mélange qui sort des sentiers battus du récit féerique pour centrer l'intérêt du lecteur sur l'espace trouble où évoluent les monstres; les éléments, habituellement dévolus à des catégories précises de personnages, se brouillent, et les créatures fantastiques sortent de leur rôle.
Pris au coeur d'une histoire parfois pleine d'humour qui souvent tourne mal, le lecteur se retrouve englué dans cette parole tourbillonnante, à la limite du texte-objet.
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