Probablement composée vers le milieux du XIVe siècle, La Belle Hélène de Constantinople s’inscrit à la croisée d’une double et féconde tradition. Tout en empruntant les grandes lignes de son scénario au conte populaire de la Fille aux mains coupées, qui connaît une vogue surprenante dans la littérature européenne du temps, elle s’affiche aussi comme l’un des ultimes représentants de la production épique médiévale et multiplie les marques rhétoriques d’allégeance au genre. Sur son théâtre de marionnettes, animé d’une piété ardente et d’un authentique souffle de croisade, l’auteur fait défiler les figures populaires de saint Martin, de Clovis, et d’une foule de comparses, voire d’improbables descendants, voués à une canonisation approximative. Il inscrit ainsi l’intrigue archétypale et intemporelle du conte dans une histoire mythique des origines de l’Europe chrétienne. C’est à analyser les modalités de cette provocante imbrication de la geste et du conte que s’attache cette étude.
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