Confucius était « un saint au sens strict du mot », assurait Marcel Granet. L'homme dont l'intelligence vive et humble pénétrait la nature des choses, jugeait que l'enseignement était « le premier devoir du sage », et le concevait « comme une mission céleste ». La réduction du confucéisme à une doctrine autoritaire de gouvernement fit disparaître « saint » et « mission céleste » ; le confucéisme « officiel » qui a tant marqué la Chine est à Kong Qiu ( nom chinois de Confucius ) ce que l'augustinisme politique est à l'Évangile.
Henri Michaux voyait en Confucius « l'Edison de la morale ». Ses disciples l'ont campé dans les Entretiens de Confucius, en quête du dao - le « milieu juste » qui, subjectif et déterminé par « l'action du Ciel », requiert, conformément au génie chinois, des réponses alliant « sympathie et intelligence ». Un catholique chinois, Lu Zengqiang le soutenait, au siècle dernier, « le confucéisme dont les normes de vie morale sont si bienfaisantes trouve dans la révélation chrétienne le complément de lumière qui résout les problèmes devant lesquels nos sages ont eu l'humilité de s'arrêter ». Ce propos mène Xavier Walter à s'interroger : l'univers confucéen authentique peut-il sans se renier recevoir « l'étranger qui a ressuscité », Ye Su ? Trois exposés apportent des éléments de réponse. L'un examine l'univers religieux confucéen à la lumière des Entretiens ; l'autre s'interroge sur l'échec missionnaire des jésuites, aux XVIIe et XVIIIe siècles ; le troisième, se fondant sur la conversion du confucéen qu'était Lu, invite le lecteur à estimer si le retour au vrai Confucius, « celui qui poursuit ce qu'il sait être impossible », ne serait pas, sous la souveraineté éternelle du Ciel originellement muet, la porte ouverte au Verbe.
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