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« Lorsqu’en 2007 le monde entra dans la crise qui nous tient depuis enserrés, il m’apparut que la narration et l’analyse des péripéties financières et économiques ne suffisaient pas à nous faire comprendre les temps qui sont les nôtres. Disséquer l’actualité ne pouvait à soi seul faire l’affaire et devait être complété de considérations inactuelles déconnectées du tohu-bohu des événements bruts. La nature est faite d’une certaine façon, la culture des hommes, bien que sertie dans la nature, d’une autre. Toutes deux sont emportées par le flux du devenir, lequel accélère son mouvement dans les époques de “grands tournants“, comme celui-ci. Des frottements et des chocs entre nature et culture jaillit le surréel : l’esprit, l’amour, l’analogie... Pour répertorier ces billets, compacts comme l’aphorisme ou nonchalants comme le “propos“, j’ai créé deux catégories : l’une pour les graves “Questions essentielles“, l’autre pour la très légère “Vie de tous les jours“. Il m’arriva, une fois terminé l’un des billets que l’on s’apprête à lire, d’hésiter, parce que, pour hommes, femmes et enfants, le grave est parfois léger, et le léger, plus souvent qu’à son tour, grave. Du coup, à la lecture de ces textes innocents, l’on sourit, l’on rit, ou l’on pleure, parce que la vie est à rire et à pleurer, et da-vantage qu’hier sans doute aujourd’hui. » P. J. Paul Jorion est anthropologue et sociologue. Il s’est fait connaître du grand public par La crise du capitalisme américain (2007), livre où il annonçait la crise des subprimes. Chroniqueur au journal Le Monde, il dirige la chaire Stewardship of Finance à Bruxelles et tient également un blog où il défend des positions souvent iconoclastes.