«Remplir les étagères vides avec le fatras étalé au milieu de la pièce», voilà la tâche que doit accomplir un intérimaire, isolé pendant une semaine dans un entrepôt pour ranger des composants mécaniques. Répétition des gestes, des pensées, et des jours : le travail, le repas dans la gamelle, le retour chez soi par le même bus, le même train, les brefs instants de vie de famille, le sommeil harassé... On travaille, semblable à ces milliers d'intérimaires qui se louent ici un mois, là quinze jours, éléments d'une mécanique, composants d'un ensemble qui le plus souvent les dépasse.
Comme dans son précédent roman, Thierry Beinstingel plonge le lecteur au coeur du monde du travail dans ce qu'il a de déshumanisant et d'absurde, tout en donnant naissance à une «poétique sociale» où les vérins à vis coulissante et les filetages trapézoïdaux, les crémaillères à denture droite triple rang finissent par former un recueil, lignes lumineuses de tout ce temps perdu au travail.
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