Au Chaland !
Entre historiens et anthropologues, depuis plus d'un siècle, le champ du comparatisme s'étend à perte de vue. Il est en friche. Pourquoi ? Parce que la science historique est née avec et pour la Nation, parce que les historiens d'Europe naissent encore aujourd'hui nationaux, alors que l'anthropologie s'est voulue d'emblée comparative, qu'elle n'a jamais imposé de frontière entre les sociétés d'autrefois et les cultures d'ailleurs.
Un pamphlet ? Oui, et théorique. Pour dénoncer les mensonges et les dangers mortels de l'incommensurable, de l'incomparable des nationaux de tout poil. Pour montrer ensuite comment construire des comparables : qu'il s'agisse de voir comment des pratiques d'assemblée entre l'Ethiopie, les cités grecques et les Cosaques du XVe siècle dessinent un lieu du politique et esquissent des formes de démocratie distinctes ; ou bien quelle est l'alchimie de tant de purifications ethniques en regard de l'idéologie athénienne d'une pure autochtonie, de la représentation fantasmatique d'un Français, dit de souche, et des parcours de civilités autres qui ont choisi de séparer la terre et les morts sans avoir lu Barrès ni connu la fureur des bons Aryens.
Comparatisme constructif, avez-vous dit ? Sans l'ombre d'une hésitation, et délibérément postdéconstructionniste.
M. D.
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