De 1948 à sa mort, en 1981, Malcom de Chazal a donné à la presse de l'île Maurice d'innombrables chroniques dont voici, pour la première fois, une large sélection. Le plus souvent écrites dans la fièvre de l'improvisation, elles portent sur tous les sujets possibles, au gré de l'actualité ou de la réception des journaux d'Europe, qui pendant longtemps arrivaient par bateau.
Chazal est souvent sévère avec son île et ses compatriotes. Il fustige leur manque de culture, et surtout le racisme - le « préjugé de couleur » - qui imprègne la société. Il choisit délibérément de militer pour l'indépendance. Candidat aux élections de 1959, il ne sera pas élu, mais garde un souvenir très fort des réunions électorales, de ses prestations d'orateur, de son contact avec le « vrai peuple ». Les connaissances de Chazal sont celles d'un lecteur insatiable : il propose des prospectives originales et souvent pertinentes sur l'évolution de son île et du monde en général. Toutefois le principal à ses yeux, c'est son oeuvre, qu'il commente alors qu'elle est en train de s'écrire, qu'il explicite, qu'il vante auprès des écrivains de passage dans l'océan Indien. Bon prince, il donne aux lecteurs les préceptes à suivre pour devenir un génie...
Chazal se laisse emporter parfois mais on le suit volontiers car il trouve souvent des images fulgurantes, des formules irrésistibles de drôlerie. Dans leur spontanéité tout orale, les articles de Chazal apportent un complément essentiel à son oeuvre, cette extraordinaire construction poétique qui fait d'une île du bout du monde le centre de l'univers et le lieu d'origine de la civilisation.
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