Roman noir, parabole de la capitulation des intellectuels face à la montée du nazisme, Auto-da-fé de Canetti (dont le titre allemand Die Biendung signifie « L’Aveuglement ») est aussi une transposition magistrale de Don Quichotte. L’analogie entre les deux romans est si patente qu’elle n’a pas manqué d’être relevée par la critique, mais elle n’avait pas encore, à ce jour, fait l’objet d’une étude approfondie. Pire, elle n’a trop souvent servi qu’à alimenter l’idée reçue selon laquelle Elias Canetti serait un écrivain conventionnel, pour ne pas dire réactionnaire. Au moyen d’une analyse comparative précise, Christine Meyer met à jour le réseau de correspondances qui relient Auto-da-fé au chef-d’œuvre de Cervantès. Elle parvient ainsi à éclairer les enjeux multiples, à la fois esthétiques et philosophiques, de la transformation intertextuelle chez Canetti.
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