« Collaboratrices » : la simple évocation de ce mot renvoie aux images de ces milliers de Françaises broyées par l'épuration sauvage et tondues publiquement à la Libération pour avoir « fauté » avec l'ennemi. Parfois, on se souvient aussi d'autres événements qui ont marqué les années d'Occupation - comme ce fameux voyage en Allemagne que des actrices françaises ont effectué en 1942 dans le « train de la honte ». Toutefois, l'engagement des femmes avec l'ennemi à partir de 1940 ne peut être réduit à ces quelques profils types.
Dans cet ouvrage inédit sur la France des années noires, Pierre Brana et Joëlle Dusseau évoquent les collaboratrices actives, soulignant qu'elles étaient nombreuses... et qu'elles sévissaient partout. Certaines, bien sûr, sont célèbres : c'est le cas d'artistes (comme Coco Chanel), d'épouses (songeons à Hélène, la femme de Marcel Déat) ou bien de « filles de » (telle Josée de Chambrun, qui idolâtrait son père Pierre Laval). La plupart cependant sont des anonymes, mais beaucoup n'en étaient pas moins dangereuses : miliciennes, gestapistes ou encore espionnes, elles ont souvent menti, dénoncé, traqué voire violenté. Pour quelles raisons ? par besoin ? par amour ? par conviction ? par sadisme ?
S'appuyant sur des sources inédites, les deux auteurs livrent les fruits d'une enquête historique bouleversante qui prouve que « collaborer » peut aussi se conjuguer au féminin. Une synthèse indispensable qui comble un vide historiographique majeur.
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