Coiffeuse d'âmes

Eléonore : Bon, est-ce qu'on peut ouvrir cette porte, s'il vous plaît ? Ça se voit tout de même que je suis pressée. Ce n'est pas un crime d'être pressée le jour de Noël !

Nuwu : Vous avez tout votre temps maintenant.

Eléonore : Mais qu'est-ce qui se passe ici ? C'est quoi cet endroit ?

Nuwu : Allez-vous asseoir, je vais vous expliquer.

Eléonore : Apportez-moi mon manteau.

Claire : Bon, et moi alors ?

Nuwu : Vous, vous n'avez pas rendez-vous.

Claire : Ça va ça va, on a compris.

Nuwu : Quand ce genre de chose arrive, c'est qu'il y a un lien.

Eléonore : Ou alors je commence un burn-out !

Claire : Oh vous, chut !

Eléonore : Quoi chut ? Mais non, pas chut ! On est le 24 décembre, il est passé 16h, mon téléphone n'affiche plus rien, je veux juste savoir pourquoi cette porte ne s'ouvre pas, pourquoi mon manteau est dans une boîte, pourquoi il n'y a pas de réseau. Elle, elle n'a pas rendez-vous, et moi j'ai un rendez- vous que je ne me souviens pas avoir pris. Et aussi, où est-ce que vous disparaissez tout le temps, comme ça ?

Nuwu : Je suis certaine qu'il y a un lien. On va consulter la radio. C'est rare qu'il y ait deux âmes en même temps ici. Quand ça arrive, c'est qu'il y a un lien.

Eléonore : Deux quoi ?

Lorsque, la veille de Noël, Eléonore pénètre dans un salon de coiffure sans avoir pris rendez-vous, elle est loin de se douter de ce qui l'attend. Car Nuwu, coiffeuse d'âmes de son état, a bien une réservation à son nom.

Peu à peu, elle éprouve le sentiment étrange que rien ne se déroule comme elle l'avait imaginé. Un peu comme si le temps s'était arrêté. Alors, quand Claire débarque et s'étonne, elle, de ne pas figurer sur le carnet de rendez-vous, la confusion s'installe : que peuvent bien avoir en commun ces deux femmes ?

Une comédie décoiffante coécrite par deux auteurs que la crise du covid-19 a fait se rencontrer.