Les partis politiques sont nés en Europe et le vieux continent ne cesse de les
voir se multiplier et prospérer. Contrairement à ce qu'affirmaient certains
politologues, les systèmes de partis n'évoluent pas dans le sens du
bipartisme mais vers un multipartisme de plus en plus accentué. Des
démocraties apaisées comme la Suisse ou la Suède comptent plus de six
partis représentés au sein de leurs parlements respectifs. Même la Grande-Bretagne,
modèle de référence du two party system, est passée au
multipartisme. Il n'est donc pas surprenant de voir autant de groupes
parlementaires siéger au Parlement européen.
Semblable diversité s'explique bien sûr par les effets de la crise économique
et de la mondialisation mais le multipartisme ne date ni d'hier ni d'avant-hier.
Il s'inscrit dans la longue durée de l'Europe, riche en conflits et luttes de
factions. Chacun des pays qui la composent possède une culture politique
complexe, sorte de mémoire collective qui conserve présente la trace des
affrontements du passé. Cependant, ces cultures politiques et les systèmes
partisans qu'elles influencent, ne consistent pas une juxtaposition de cas
particuliers. En effet, le conflit de classes concerna la quasi-totalité des
Nations évoquées tandis que la querelle Eglise/Etat provoquait des effets
similaires dans les pays de tradition catholique. De même, l'influence des
luttes paysannes se fit sentir de manière analogue en Scandinavie ou dans
l'Europe du Centre-Est.
Seule la théorie des clivages fondamentaux, proposée en 1967 par Stein
Rokkan, permet de démêler l'écheveau embrouillé des systèmes partisans
des vieilles démocraties d'Europe. Daniel-Louis Seiler fut l'un des premiers à
utiliser les ressources de cette théorie qu'il introduisit dans le monde
francophone et que ses travaux contribuèrent à enrichir.
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