En 1657 Paul Pellisson devient premier commis de Nicolas Fouquet et dispensateur de ses bienfaits; il adresse à cette occasion au Surin-tendant le Remerciement du siècle. Publiée en 1658, la quatrième partie de la Clélie développe, tant dans la conversation «De l'oisiveté et de l'ingratitude» que dans ses récits intercalés, la thématique des échanges d'offices et de la reconnaissance, fondement de toute vie en société, qu'il s'agisse du commerce amoureux régi par les lois du Tendre ou des rapports harmonieux et libres que rêve d'établir, sous l'égide de Fouquet célébré en «nouveau Mécénas» par toute la littérature galante, la Précieuse Plotine qui ne serait pas marrie de voir «des poètes riches, et de grands seigneurs honnêtes gens».
De cet échange des rôles naît dans le roman lui-même l'image de ce que pourraît être la littérature d'un siècle qui n'est pas encore celui de Louis XIV, comme pratique sociale, comme art de vivre et comme création. En ouvrant le temps du récit à l'actualité du monde, en faisant sous un nom de bergère le portrait et l'éloge de Madame du Plessis-Bellière, femme de confiance de Nicolas Fouquet et «affairiste de haut vol», en imaginant une loterie galante à l'instar de la Blanque royale, la romancière ne se contente pas de «payer de bel esprit» la faveur des milieux d'affaires et de leur donner le lustre de la fable; elle revendique pour un genre littéraire décrié la noblesse de la tradition, nourrit des travaux érudits élaborés dans l'entourage du Surintendant les plaisanteries parfois critiques des enjoués, et assigne à la fiction en prose la mission de donner «un tableau du monde, et du monde un peu embelli», comme le dit Herminius-Pellisson dans l'importante conversation «De la manière d'inventer une fable».
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