Écrite en 1989, la dm 170, inventaire 2 a été réalisée pour l'ouverture du Mamco en 1994 dans un espace cloisonné par des panneaux de bois, comme l'étaient alors toutes les salles du musée. Sous le titre L'Inventaire, donné par l'institution, elle répond à la demande faite par cette dernière à quatre artistes, dont Claude Rutault, de penser ce que serait pour eux « la dernière salle idéale ». Depuis sa mise en place, les actualisations de cette oeuvre (plus d'une quinzaine) se sont succédé à un rythme régulier et de façon fort différente, proposant des images, visions et conceptions variées, bien que toujours conformes, du projet d'une peinture écrite auquel Claude Rutault travaille depuis 1973.
L'ensemble des toiles de cet inventaire - deux cent quarante-huit très exactement - soigneusement rangées dans des rayonnages, constitue un équivalent visuel du corpus proliférant des définitions/méthodes (dm), ces textes à partir desquels s'actualisent les peintures de Claude Rutault : une toile par texte, peinte si celui-ci a été actualisé au moins une fois ou laissée brute. Image de l'atelier, du travail en cours et d'une oeuvre jamais finie, qu'il revient à un preneur en charge (particulier, institution) de réaliser, L'Inventaire apparaît également comme une bibliothèque idéale dans laquelle peintures et livres ne font qu'un.
L'histoire de cette oeuvre au Mamco, que l'on pourra lire dans cet ouvrage abondamment illustré, est aussi celle de tout l'oeuvre peint de Rutault, un artiste hanté par le souci de confronter sa pratique aux enjeux de la modernité, mais d'une modernité qu'il s'agit toujours et encore de réinventer.
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