En sociologue de la culture, Olivier Moeschler n'analyse pas les films en critique. Il n'approche pas l'action de l'Etat comme un juriste. Il ne considère pas le public comme un sondeur d'opinion. Dans le parcours très nouveau et fascinant de ce livre, de 1935 aux rebondissements actuels, il met en mouvement un 'triangle infernal': le Département fédéral de l'intérieur, les professionnels du cinéma, la clientèle des salles. Il montre ces trois milieux en processus d'actions et de réactions. Il scrute les stratégies changeantes des grands commis. Ainsi découvrons-nous comment fonctionne vraiment, en Suisse, la politique du cinéma. Fait fondamental: le septième art ne peut vivre, du moins en Europe, sans le soutien de l'Etat. Mais la Confédération ne s'est-elle pas interdit toute politique culturelle? C'est dans l'ambiguïté et les polémiques qui opposent la Berne fédérale aux cantons, ou l'Art et l'Etat, qu'est née en 1963 une loi fédérale sur le cinéma. Ce domaine a bénéficié d'une aide publique qui a passé de 1 à 50 millions. Cette remarquable analyse d'une politique culturelle s'achève par une comparaison éclairante entre un cinéma d'auteur et un cinéma qui se veut national.
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