J'ai un faible pour les dimanches à l'Elysée. J'arrive toujours à pied. Le quartier est désert, je cherche en vain un bistrot ouvert derrière la place des Saussaies. Personne dans le palais. Visages figés de De Gaulle, de Pompidou et de Mitterrand dans le hall, sur des tableaux que je trouve d'une laideur presque touchante. Chirac toujours ponctuel, en jeans, col roulé et mocassins. Chaque fois que j'entre dans son bureau, je me dis que c'était celui de De Gaulle. Une fois sur deux, je demande à Chirac s'il a été ému, le premier jour, de s'asseoir dans le fauteuil du Général. Son «naturellement» agacé me laisse entendre qu'il vaut mieux sortir du registre des émotions. Nos digressions vers des choses futiles sont brèves, il faut bien se détendre et Chirac est curieux comme une pie de la vie des gens, y compris s'il ne les connaît pas personnellement. Plus on entre dans le détail concret, plus on a de chances de l'intéresser. Assez vite il nous ramène au sujet...
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