Un avion du président de la République du Congo maintenu au sol dans un aéroport français. Une frégate de l'armée argentine immobilisée au Ghana. Les comptes bancaires de l'ambassade d'Argentine à Paris gelés. La Federal Reserve de New York perturbée dans ses activités... Ces coups d'éclat judiciaires, délibérément humiliants pour les États-souverains, répondent à une stratégie orchestrée par des financiers cherchant à recouvrir leurs créances. À chaque fois, il s'agit d'affronter ces souverains grâce à des moyens juridiques afin de les forcer à payer leurs dettes. Mais d'où vient ce pouvoir des financiers privés de traduire en justice des États et de saisir leurs biens ?
Ce livre est le fruit d'une enquête exceptionnelle sur les professionnels de la poursuite de la souveraineté – juges, avocats, enquêteurs et chasseurs d'actifs, mais aussi hauts fonctionnaires –, dont le foyer d'action est situé dans les tribunaux de New York. L'auteur raconte comment il est devenu possible d'engager des procès contre les États qui, émancipés du joug colonial, nationalisaient leur appareil productif et expropriaient les investisseurs états-uniens. La diplomatie économique des États-Unis, main dans la main avec les marchés de capitaux, a veillé à défaire les alternatives promues par les pays du Sud global et à construire le droit de New York comme l'étalon mondial des deals et litiges financiers.
Cette alliance entre le droit agressif et la finance radicale a contraint les pays à rentrer dans le rang du capitalisme mondialisé. Aujourd'hui, alors que le réchauffement climatique impose de grands changements politiques, les chasseurs d'États, s'ils ne sont pas désarmés, pourraient entraver les capacités de régulation économique, sociale, sanitaire ou environnementale des États.
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