« Des visages matois, ravinés, pleins de plis, de cachettes et de secrets périssables, nous les reconnaissons pour ceux qui nous accompagnent tous les jours dans les trams. La liberté bondissante du dessin n'exclut pas d'ailleurs l'effort artistique de composition qui l'équilibre et le consacre. »
Albert Camus
Charles Brouty appartient à une génération d'artistes qui a donné ses lettres de noblesse à l'Algérie. Brouty collabore avec talent à l'illustration de la grande presse et de très nombreux ouvrages où il combine, dans ses croquis, choses et gens. Passionnés comme lui par le peuple d'Alger, deux grands artistes, Jean Launois et Étienne Bouchaud, l'accompagnent. En 1930-1931, il obtient la bourse de la Casa de Velasquez, puis le Grand Prix artistique de l'Algérie. Virtuose d'un dessin qu'il a constamment épuré pour le réduire à l'essentiel, Brouty fait preuve dans ses notations d'une maîtrise absolue. Attiré par le désert comme Camus, il a aussi surpris les Touaregs sous leurs tentes, parcouru le Tchad, le Ténéré, s'est arrêté partout : El-Goléa, Ouargla, Ghardaïa, Djanet, In-Salah, Timimoun, Agadès, Nduigmi, et a fixé le monde nouveau des derricks dans les étendues de sable saharien.
Le journaliste Jean Brune observe : « Charles Brouty n'a plus besoin du parrainage des " grands " qui l'ont précédé sur les sentiers de l'art. Il est lui-même un " grand " et nul ne saurait lui contester la place qu'il occupe. »
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