Pourquoi change-t-on de nom ? Quelles sont les motivations de celles et ceux qui engagent de longues procédures pour se débarrasser d'un nom difficile à porter ? Quelles sont les contraintes que leur impose la loi française ? Comment vivent-ils ce pari aventureux qui dérange la logique univoque de l'identité ? Qu'ont-ils à perdre ou à gagner en abandonnant leur patronyme, ce signe attestant de qui l'on naît et d'où l'on vient, qui classe et parfois déclasse ?
Autant de questions qui tissent la trame de cette première étude exhaustive d'une pratique mal connue et largement taboue. A la croisée de l'individuel, du familial et du social, le changement de nom relève de l'investissement personnel, de l'histoire biographique et des profondeurs de l'inconscient. Mais il est également tributaire de la valeur que la société confère à l'institution du nom, de la symbolique qui s'y rattache, des préjugés et des idéologies du moment. Révélant l'emprise du national sur le nominal, il dévoile ce qui se noue dans notre société autour de ces questions centrales que sont la citoyenneté, l'intégration, l'assimilation et leur envers : le repli identitaire, l'exclusion ou la discrimination.
Entre appartenance et dissidence, filiation et affiliation, le changement de nom est ici le fil rouge d'une ample réflexion sur la nation et l'identité. Mélant les récits de Juifs, d'Arméniens et de Maghrébins ayant changé de nom à ceux de résistants ayant gardé leurs surnoms de clandestinité, évoquant la tentation littéraire du renom par le pseudonyme aussi bien que l'obsession du repérage des noms cultivée par l'extrême droite, Nicole Lapierre nous invite à un voyage aussi passionnant qu'inattendu, naviguant entre sociologie et histoire, anthropologie, psychanalyse et littérature.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.