Les Tzotzil et les Tzeltal sont aujourd'hui connus dans tout le monde
grâce à l'exceptionnelle couverture médiatique dont a bénéficié l'insurrection
dans laquelle ils se sont lancés sous la conduite du «Sous-Commandant
Marcos» en 1994.
Au début des années 1960, ces Indiens mayas qui habitent les hautes
terres du Chiapas, dans le sud-est du Mexique, constituaient encore, avec
les Blancs et les métis de la région, une société traditionnelle aux contours
bien précis et aux caractères très particuliers dont ils représentaient
l'indispensable base de sustentation. L'ouvrage les révèle à l'époque en
tant que segment infériorisé de cette formation sociale régionale dont les
origines remontent au temps de la colonisation espagnole et que le régime
républicain a laissé perdurer jusque dans les années 1970. En montrant
comment la domination qu'ils subissent les reproduit dans leur ethnicité,
en manifestant le lien qui unit la culture indienne et les modalités spécifiques
de l'exploitation dont ils sont victimes, il rompt avec l'historicisme
comme avec le culturalisme ambiants. Il établit les fondements d'une théorie
relationnelle de l'indianité qui se situe en totale opposition avec les
conceptions ontologisantes de l'Indien sur lesquelles repose encore
actuellement une certaine littérature qui lui est consacrée.
Il était important de remettre à la disposition des lecteurs français ce
livre dont The American Anthropologist avait salué la parution, mais qui avait
suscité aussi de vigoureuses polémiques à un moment où l'Indien commençait
à opérer un retour en force dans l'imaginaire de l'Occident.
Voilà qui est fait.
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