Cela naît des gestes de la vie quotidienne, d'un croûton de pain que l'on mâche, d'une émission de radio que l'on écoute, d'un outil que l'on forge, d'un voyage solitaire sur la Volga. Cela se passe dans le dénuement matériel ou dans le désarroi spirituel, mais à travers eux, cela traduit une tendresse sans bornes pour les êtres et pour la terre de Russie, de cette Russie que nul ne peut comprendre, pas même les Russes, affirme l'auteur, et que l'on ne peut qu'aimer.
Les trois grandes nouvelles de ce recueil nous replongent dans un univers de détresse et de grandeur où la tragédie le dispute à l'indulgence et à l'amour de la vie, le grotesque à la bégninité, et où l'humour pose parfois son fil rouge.
La détresse est celle d'hommes en proie aux fléaux qui rongent la Russie : la misère extrême du bas peuple ici (Au pays des bonnes femmes), la persécution politique là (Dernier été sur la Volga), l'antisémitisme là encore (Champagne au fiel). La grandeur tient à cette déchirure universelle, mais aussi à cette puissance évocatrice et à ce souffle prophétique que l'on souligne dans toute l'œuvre gorensteinienne.
L. D.
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