« Du pain, maman, du pain, maman, du pain... » Le Père d'un oeil aliéné
lui crie : « Ferme-la ! » Mais l'Enfant ne l'entend plus - la prière ne
s'arrêtera qu'avec son dernier souffle.
« T'entends ? C'est Marie. Elle pleure. Elle a mangé son petit, hier... »
Est-elle la seule ? La Mère éclate d'un rire de folle. Alors le Père lui crache au
visage. Puis l'embrasse tendrement, comme il ne l'a jamais embrassée de sa
pauvre vie, et le rire devient sanglot, tandis qu'une prière lourde résonne dans
le noir : « Du pain, du pain, du pain... »
Holodomor. Qui en France connaît ce nom, peu chanté par Aragon ?
Ukraine soviétique, années 1930. L'idéal communiste décide que les
paysans deviennent des fonctionnaires au sein de kolkhozes collectifs.
Les agriculteurs refusent le diktat, qui serait par ailleurs contre-
productif, Qu'à cela ne tienne, le pouvoir utilise l'arme de la faim. En
1931, la récolte n'est pas bonne. Au lieu d'importer du blé, les autorités réquisitionnent les récoltes et les exportent à l'étranger. Quelques rations de survie subsistent au sein des kolkhozes, pour y attirer
les agriculteurs indépendants, auxquels les soldats confisquent tout.
Les conséquences sont dramatiques : privées de nourriture, près de
quatre millions d'hommes, femmes et enfants décèdent. Dix ans avant
la Shoah, le communisme génocide quatre millions de paysans ukrainiens par idéal « humaniste ».
Ce superbe texte de l'Ukrainien Dmytro Tchystiak, couronné par
le prix de la nouvelle de Kraainem (Belgique) en 2009, traduit et publié en allemand, russe et croate, est un hommage rendu aux quatre
millions de victimes de cette tragédie méconnue en France.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.