Nous sommes ici dans l'espace de la proximité, du contact, du voisinage, de l'approche. L'humain ne se résorbe pas en un savoir, sûr de lui et des choses, il est écoute de l'autre, y compris le plus dérisoire et le plus infime : le texte nous raconte l'histoire de rencontres innombrables. La femme qui parle ici revient d'un pays natal - et y retourne - dans un étrange va-et-vient des formes et des rites, elle écrit une sorte d'Odyssée où nous découvrons « ceux qui (d'habitude) n'existent pas », monstres minuscules comme des escargots, algues d'amour et de mort, plantes qui pensent, montagnes qui purifient le souffle des démons, sirènes qui chantent dans les ténèbres, voix qui reviennent de l'anéantissement et croisent la lumière de Saigyô, elle avance dissimulée sous des dehors que nous devons déchiffrer pour que le mystère se révèle dans sa splendeur. Hiromi Tsukui a un rapport unique avec la nature, fondé sur une philosophie du petit, de l'oublié, du caché, de l'invisible ; elle se déplace au ras des objets ou s'immisce dans le jeu des éléments, son approche insidieuse des forces de la Nature renforce ce sentiment d'étrangeté qui tient déjà à la présence de mythes et coutumes japonais, de mots lointains ou inconnus : paysages, modes de vie français et japonais se mêlent, et la surimpression des uns sur les autres, au-delà du merveilleux, donne au texte son étrange pouvoir de questionnement.
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