«Jacqueline Mesnil-Amar n'avait peut-être qu'un seul livre à écrire. Nous
n'en saurons jamais rien. Mais réjouissons-nous que son seul livre soit celui-là.
Parfois, un seul livre suffit à rendre un auteur inoubliable pour ses lecteurs.
Il s'ouvre sur la soirée du 18 juillet 1944. On se bat en Normandie, dans
les maquis du Vercors et de la Haute-Vienne. Ça sent la fin mais ce n'est
pas la fin. André Amar n'est pas rentré de la nuit. Il est membre de l'Armée
juive. Arrêté, il a été déporté par le dernier convoi quittant la France pour
les camps. Direction : Buchenwald.
Ce livre est donc la chronique quotidienne de la séparation d'un couple,
zébrée de souvenirs des jours heureux : ceux des maisons de vacances à Venise,
Deauville, ou dans la villa Soledad du Pyla, qui s'inscrivent en pointillés au
milieu du récit des démarches que fait l'auteur auprès de ceux qui savent déjà
et de ceux qui peuvent encore. Où est-il ? Que fait-il ? Comment survit-il ?
Trente-sept jours plus tard, André réapparaît devant Jacqueline qui ne
savait rien. Avec une quinzaine d'autres, il s'est échappé du convoi à
Morcourt, près de Saint-Quentin, malgré la garde SS.
Maints écrivains ont consigné leurs impressions au jour le jour dans les
moments-clés de la Libération de Paris. Mais s'il fallait ranger sur une étagère
de la bibliothèque celles de Jacqueline Mesnil-Amar, on lui ferait rejoindre
Albert Camus, Jean Guéhenno et Léon Werth. Pas un mot de trop, rien de
pesant, tout est à sa place. Cette évocation du monde d'avant, de sa douceur
et de sa tendresse, perceptibles à travers la couleur d'une petite robe d'été, une
promenade à vélo ou le frémissement d'un arbre, ne manquera pas d'évoquer
Le jardin des Finzi-Contini.»
Pierre Assouline
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