Shadow: Les gens n'attendent plus de Shorty qu'il gagne, ils attendent de lui un K.O. Les gens ne le voient plus vraiment comme un boxeur, mais comme une espèce de torero. Tu t'imagines un torero qui vient, qui fait des jolies passes et tout et tout, et puis s'en va sans porter l'estocade? Ben les gens ne seraient pas contents, il se ferait siffler. En boxe, c'est le K.O. Un combat sans K.O., c'est comme un amour sans orgasme. Couvre-toi, Micky: Shorty et sa soeur vont arriver.
Micky: Remarque, tout compte fait, les gens ont raison de le siffler. Ses sept derniers combats n'ont été gagnés qu'aux points. A la longue, faire l'amour sans orgasme, ça peut lasser, surtout à la septième fois... Si ça se trouve, le théâtre lui prend trop de temps. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi tu l'encourages à ça. Tu joues même au metteur en scène et tout...
Shadow: Qu'est-ce que tu veux? Il a toujours rêvé de faire ce truc-là. Bon, maintenant qu'il est connu, il en profite pour faire le comédien. Voilà, c'est classique.
Shorty rêvait d'être comédien... et il fut boxeur. Et quel boxeur! Sans doute le plus grand de tous les temps. On dit que, sur le ring, son jeu de jambes était aussi sensuel que la voix de Billie Holiday; son jab aussi troublant que le piano de Monk. On dit aussi que ses poings étaient aussi virulents que la trompette de Dizzy Gillespie.
Shorty n'était pas un boxeur; c'était le boxeur... et certains affirmaient sous cape que pour boxer aussi bien, il avait dû vendre son âme au diable... ou à quelqu'un d'autre.
Mais on raconte tant de choses...
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