Déjà, Démosthène - sa mort elle-même - venait hanter les pages d'Un homme de plus, un important récit paru en 2019 à ces mêmes éditions. Avec cette prose, C'est la faute à Démosthène, Dominique Grandmont revient à l'illustre orateur et le sacrifice de sa vie, pour lui consacrer cette fois un livre. Livre net, ciselé, notamment nuancé par la mémoire des lieux, rendant toute sa vraisemblance aux faits racontés, et dont surtout la narration trouve à s'enrichir en sensations, jusqu'au détail éprouvé d'un paysage. Enquête, réflexion politique des plus urgentes, c'est le sens à donner à ce sacrifice qui est ici poursuivi, en même temps qu'une poursuite, pour l'auteur, de son histoire grecque à travers Démosthène et son dernier combat.
« Que détenais-je de si précieux qu'il me faille tout lui sacrifier ? » Telle est sans doute la question centrale autour de laquelle tout gravite. La parole revient à Démosthène, dans l'entrecroisement des temps, entre passé et présent, comme pour éprouver la constance qu'à lui-même il s'était fixée, l'apesanteur du conditionnel de l'épilogue finissant de les rêver chacun, d'en parfaire la profondeur.
« Je ne sais plus à quel moment la situation s'est renversée, mais à peine avais-je pénétré dans l'enceinte sacrée que je me suis senti respirer. J'étais sûr de moi. Les cris se pulvérisaient dans l'espace, mais leur centre rétrécissait. La lumière rasait le sol en redoublant de précision. De me retrouver dans la fraîcheur du grand péristyle me faisait apprécier comme jamais cette clarté qu'ils ne me prendraient pas. J'étais arrivé. Ils ne m'auraient pas vivant. »
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