César de Saint-Réal (1643-1692) offre dans Césarion, ouvrage de l’automne de sa vie (1684), l’exemple original d’une «?révision critique?» de nos certitudes historiques : assignant pour tâche à l’historien de pratiquer «?une anatomie spirituelle des actions humaines?», il s’attache ici sur les pièces à démasquer, à l’instar de La Rochefoucauld, les mobiles inavouables de quelques protagonistes renommés de l’histoire ancienne et moderne afin de montrer la fausseté du portrait que l’historiographie officielle nous a légué d’eux. S’attaquant à Atticus, l’ami si bien noté de Cicéron, ou expliquant toutes les turpitudes de Ptolémée Aulète, roi d’Égypte, égratignant bien d’autres portraits de jadis et naguère, il traque les contradictions des sources pour révéler comment se construisent les légendes, comment on flatte le visage des grands. D’où se déduit le principe moral qui sous-tend son ouvrage : la dissociation radicale du vrai mérite et d’une réputation toute d’apparence, divorce dont la vie de cour lui offre en son temps une illustration éclatante. S’appuyant du réalisme politique de Tacite et de Machiavel, il jette le soupçon du mépris sur ce monde d’illusions et de faux-semblants, où les hommes se conduisent «?comme des aveugles, […] les plus étourdis au hasard, et les plus sensés à tâtons?».
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