Un dictateur ambigu.
Né en janvier 1918, Nicolae Ceauşescu entre en apprentissage à Bucarest et découvre la lutte sociale et sa répression dès l'âge de quinze ans au sein du Parti communiste roumain. En 1948, le stalinien Gheorghiu-Dej, son mentor, ayant pris le pouvoir, il en profite pour gravir rapidement les échelons du parti et de l'État. Installé au pouvoir en mars 1965, Ceauşescu hérite de la politique de son prédécesseur : éviter la déstalinisation en jouant la carte nationaliste. Ses débuts sont populaires grâce à une certaine libéralisation culturelle, à un début de société de consommation et à une ouverture vers l'Ouest.
Toutefois, les chocs pétroliers et la détente entre les États-Unis et l'Union soviétique au milieu des années 1970 le privent des ressorts de sa politique. Son rôle de pont entre Est et Ouest, sa politique d'industrialisation appuyée sur les capitaux et les technologies occidentales et sa popularité au sein de la société roumaine s'effondrent au tournant des années 1980. Un début d'opposition sociale et politique (grèves et dissidences), la décision de rembourser la dette aux institutions occidentales (FMI et Banque mondiale) qui entraîne de cruelles pénuries et la fin de la guerre froide avec l'arrivée de Gorbatchev sonnent le glas de son régime qui s'effondre en trois jours de décembre 1989.
Celui qui se faisait appeler le " génie des Carpates ", ou bien le " Danube de la pensée ", est exécuté avec son épouse, la redoutée Elena, au terme d'un procès particulièrement expéditif, soldant une étrange révolution dans laquelle beaucoup ont vu la main du " grand frère " soviétique, lui-même à l'agonie. Entre dérive autocratique et velléités réformatrices, nationalisme et soumission à l'URSS, paranoïa grandissante et mégalomanie dévorante, l'homme demeurait un mystère. Le voici levé par cette biographie exemplaire.
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