Cet ouvrage revisite la « question carcérale » en décortiquant ses enjeux contemporains. En Suisse comme en Europe, la délinquance juvénile attise les sensibilités publiques et nourrit les discours sécuritaires. Parallèlement, les mineur-e-s sont progressivement reconnus comme des sujets de droit, dont il faut protéger l'intégrité physique et morale. Ce contexte politique et moral contraint les institutions d'enfermement à garantir plus de « dignité » dans la vie quotidienne des jeunes (réduction des temps d'encellulement, prise en charge pluridisciplinaire), tout en imposant davantage de « fermeté » (renforcement des aménagements sécuritaires, sanctions disciplinaires).
Les auteur-e-s explorent cette ambivalence à partir d'une enquête de terrain réalisée dans un centre éducatif fermé de Suisse romande. Comment les acteurs professionnels s'approprient-ils leur espace de travail ? Quelle raison d'être confèrent-ils à leur mission professionnelle ? L'ouvrage analyse les rivalités de territoires, met en évidence la diversité des conceptions éducatives et les différents rapports de l'institution à l'environnement extérieur. Il s'attache ainsi à saisir les formes de recomposition de l'économie morale de l'enfermement des jeunes. Cette analyse sociologique de la justice pénale des mineur-e-s « par le bas » souligne combien les pratiques de l'État, dans cet univers particulier, s'expriment d'abord par le travail
de ses agents.
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