Le constat est connu : le contre-« terrorisme » guerrier est bien plus meurtrier que le mal qu'il entend combattre. Plus, il est désormais établi que les moyens qu'il met en oeuvre - notamment les bombardements aériens et la torture, dont la pratique est pourtant dénoncée officiellement par les Etats mêmes qui en font usage - contribuent à nourrir la violence « terroriste ». Comment alors comprendre l'apathie qui mine les sociétés occidentales à ce sujet ?
Pour répondre à cette question, il faut appréhender comment les violences commises par les professionnels de la guerre de l'espace euro-atlantique sont naturalisées, autrement dit, comment se construit l'opposition entre des violences légitimes et d'autres illégitimes. Elle repose sur la constitution de populations entières en purs objets de discours : les « dégâts collatéraux » n'ont en effet pas droit à la parole. Livrant une enquête magistrale sur les discours et pratiques de la guerre contre le terrorisme, Mathias Delori met au jour la manière dont les sociétés libérales, sans déshumaniser totalement les victimes des guerres qu'elles mènent, hiérarchisent incessamment la valeur des vies humaines.
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