Ce n'est pas la faute de dieu
L'anthologie La petite Balle lancée par un Nain (présentée en France sous le titre Le Nain en 1995), proposait un regard sur une constellation de personnages pris dans le tourbillon de l'urbanisation et de l'industrialisation forcenées des années de la dictature Pak Chônghûi. Le noyau en était la famille du nain, petit par la taille et par l'importance sociale, survivant dans un bidonville. Les treize « chapitres » étaient autant de récits singuliers et indépendants, mais la figure du nain soudait l'ensemble. Tout en suivant de multiples histoires parallèles, on cheminait lentement, sans effets, vers la catastrophe : l'expulsion du tandis entraînant la mort du nain, tombé dans la cheminée de l'usine de briques, et la chute sociale continuelle de la famille. Bouleversé de tristesse et de haine, le fils aîné voulait assassiner le patron du conglomérat. Il se trompait et tuait le frère de celui-ci, ce qui ne lui en valait pas moins la peine de mort.
Quelques années plus tard, avec Ce n'est pas la Faute de Dieu, première partie du volume Le Voyage dans le Temps, publié en 1983, Cho Sehûi reprend une partie de ses personnages, dans ce qu'on pourrait appeler une suite. Mais chaque texte reste autonome, comme déjà dans Le Nain, et peut être lu sans connaissance précise de l'ensemble, ni même de l'histoire coréenne. Les textes se suffisent à eux-mêmes et un lecteur attentif sera sensible à cette tentative de développer une écriture solidaire.
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