Qu'est-ce que marcher, parler, écrire, bouger, qu'est-ce que ces actes qui nous mettent au monde, en monde, comme se plaît parfois à dire Jean-Louis Giovannoni ? Le poème est ici pensée en perpétuel mouvement, et le mouvement est la matière même du dire : « Peut-être ne dit-on que le mouvement ». Une pierre, un homme qui marche, un posé de mots sur la feuille : cette simplicité est inépuisable. L'apparente stabilité du monde, c'est du mouvement encore : « L'immobile d'une chose / est toujours le geste qu'il faudrait / pour une autre » (Variations Hölderlin). Tout est affaire de mesure, de pas (japonais ou plus ample, si l'on pense au phrasé large des « Variations Hölderlin », de toucher des distances. Les phrases du poème sculptent le mouvement, la métrique indiquant pour sa part un retrait, une durée comme suspendue : « Tu cherches sans cesse en toi / où se trouve la couture, pour vérifier comment se lie / le séparé » (Pas japonais). C'est au lecteur de refaire le chemin, d'effectuer en lui-même le geste physique et mental qui phrase le retrait-posé du sens.
G. B.
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