Le vent soufflait. Nous avançions au milieu des ruines, ne sachant plus si, après tout, ce que nous voyions, effleurant la surface de l'île, s'immergeait ou émergeait de cette masse de granit ensoleillé. Il y avait là un sourire sans contredit possible, le sourire du temps présent quand le vent de la liberté souffle sur la terre satisfaite. Voici trois millions et demi d'années, cet endroit plat, à niveau de mer, n'existait pas. Il a fallu que la terre se soulevât pour qu'apparût un pli, puis que se formât un repli sous l'effet du mouvement, de la pression, du tremblement, de la révolution, pour qu'une première galette d'ardoise se retournât sur la vase et qu'une première fissure ouvrît une ravine.
Les Carnets des Cornouailles ont été rédigés au retour d'un séjour en Angleterre. Après un pèlerinage sur la tombe de la philosophe Simone Weil à Ashford, l'auteur a résidé dans le village de pêcheurs de Port Isaac juché entre la lande, une crête déchirée et la mer aux reflets gris et vert. Ce paysage rude dont l'écrivain s'imprègne fait naître des rêveries, des amorces d'histoires, des révoltes aussi. À l'inverse du ton plus apaisé des Carnets des Cévennes, on sent poindre ici une agitation, un cri, avec en filigrane des interrogations sur les murs et les frontières qui séparent les hommes.
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