À la fin de la journée, de nouveau, une cascade de traînées rosées tomba du ciel et du soleil, complices, s'y entendant à vous faire éclater le coeur chaque soir, à la même heure, vous submergeant de cette terreur particulière que l'on éprouve quand le paysage se renverse, à l'inverse de nous, dans un ailleurs que l'on ne peut que contempler sans le comprendre, sans le saisir, et encore moins le pénétrer, sans avoir jamais su, même à être doté d'une imagination sans bornes, l'imaginer auparavant. Je ne sais rien de plus troublant que ces moments où l'on suffoque d'étonnement face à la grandeur magique d'un paysage qui s'en va, nous laissant en souvenir la tragédie de la séparation, dans une lueur d'adieu poignante, et une image de lui qui tient tout autant de lui que de soi.
Des étendues de glace et de neige, des touffes de végétation brûlées, un sable noir. Le silence, le seul véritable silence, et la mer. Noire, calme, profonde, forte, une mer de marbre, immense et dure, la mer d'Okhotsk. Un bâtiment public sur la côte hivernale du nord de l'île de Hokkaidô comme refuge, ou point de départ aux déambulations songeuses et poétiques. Apprivoiser cet espace infini, s'y lier, embrasser le tragique du lieu, se confronter à l'inconnu, au rugueux. Puis, marcher sur la glace du lac Saroma, traverser la mer des glaces, surplomber l'abîme depuis le cap Notoro, arpenter la forêt de bouleaux de la péninsule de Shiretoko. Observer et non pas conquérir, ressentir et non pas appréhender, le texte laisse le loisir au lecteur de trouver son souffle, dans une réelle expérience de partage.
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