Nous marchâmes ainsi indéfiniment dans la nuit, sous les grands arbres, rôdant sur des sentiers incertains, perdant notre chemin, contournant des bosquets fantomatiques, nous enfonçant dans la forêt glaciale, nous éloignant de la lumière et de la foule. Nous entendions les rires au loin. Le lendemain, la température remonta et la neige recouvrit Kyôto. Nous étions là depuis une semaine. J'avais dans l'idée de profiter de ce séjour afin de poursuivre mon travail sur l'âme. C'était sans compter l'imprévu qui surgit peu de temps après.
Visite à un ami potier, marches au milieu des montagnes, rencontre avec un maître de flûte ou une créatrice de masques de nô, parcours dans les allées d'un temple dans la nuit du nouvel an, représentations de nô et de kabuki, séances d'observation attentive des animaux, pérégrinations parmi les textes des féministes anarchistes japonaises du début du XXe siècle sont autant de chemins empruntés par Nadine Ribault afin de forer en elle-même toujours plus avidement. Après un séjour au Japon, en 2009, l'auteur écrit les Carnets de Kyôto dans un mouvement d'interrogation sur le temps : qu'est-ce que « vieillir » dans les sociétés dites civilisées d'aujourd'hui ? L'expérience personnelle et unique que certains êtres rares rencontrés alors, mènent pour échapper à la tradition comme à la modernité, et vivre, et vieillir, par eux-mêmes, conscients des mirages, guide sa recherche.
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