Quatre Grecs d'aujourd'hui dialoguent avec leurs lointains ancêtres, chacun à sa façon. Andrèas Flouràkis, dans Médée en burka, fait revivre l'héroïne d'Euripide, Yànnis Mavritsàkis s'inspire des Bacchantes du même dans Carnage, tandis que Vassilis Ziògas (Philoctète) et Vanghèlis Hadziyannidis (La maison aux serpents, d'après Les Trachiniennes) revisitent Sophocle. Il a semblé bon de les publier tous quatre ensemble.
Dionysos, Penthée, Agavé, Cadmos, Tirésias, ils sont tous là, mais quant au reste, quel rapport entre les mystères brûlants du jeune dieu antique et le monde moderne technologifié, écranisé, déshumanisé, glacé où nous plonge Mavritsàkis ? Ce n'est pas Penthée qu'on déchire, dira-t-on, mais Euripide lui-même.
Ce Carnage bien nommé n'est certes pas une copie conforme, mais plutôt un négatif, un tableau de notre présent et de notre futur vus sous l'angle le plus terrible. Ceux qui ont pu voir ou lire d'autres pièces de Mavritsàkis (il est presque intégralement traduit en français) reconnaîtront ici sa manière, ses obsessions, les ruptures, les immenses monologues, les embardées dans l'inconnu, le vertige cosmique. Carnage est l'une de ses pièces les plus extrêmes. Un véritable séisme. Bien malin qui pourrait lui donner un sens bien carré, et expliquer pourquoi, de ce tissu d'horreurs et de désespoir, émane malgré tout une étrange lumière.
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