Ce livre comporte l'étude la plus complète à ce jour sur le
rapport de Carl Schmitt aux divers aspects de la figure du
«Juif», depuis ses rapports avec des personnalités juives qu'il
a connues jusqu'à l'image aux contours imprécis qu'il se faisait
du «judaïque». Or ce qui est frappant, c'est que la figure
du juif traverse toute son oeuvre dès ses premiers écrits
d'avant la première guerre mondiale jusqu'à ses dernières
productions. Ce qui définit la position de Schmitt par rapport
aux juifs réels ou imaginaires, c'est, malgré une fascination
indéniable, l'hostilité. Celle-ci éclate au grand jour à partir
de son entrée au parti nazi en 1933, on la retrouve jusque
dans son journal d'après-guerre (1947-1951). Au-delà de
l'établissement historique des faits, Raphaël Gross parvient
à montrer comment l'anti-judaïsme théologique est indis-sociablement
lié chez Schmitt à un antisémitisme raciste.
Pour l'établir, les courants de pensée réactionnaires, religieux,
pseudo-scientifiques et politiques qui ont alimentés sa pensée
sont étudiés. Il en ressort que l'affrontement contre les
juifs constitue l'un des ressorts majeur de toute sa pensée,
celui qui permet de comprendre son engagement sans réserve
dans le nazisme, mais aussi celui qui permet de rendre
compte de ses stratagèmes d'autodéfense après le nazisme.
Se trouve ainsi établie la raison pour laquelle la pensée de
Schmitt est dangereuse aujourd'hui encore.
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