Mes photos aériennes sont réalisées à partir d'un paramoteur, le plus petit
ULM existant, dit à décollage à pied. Le photographe et le pilote ne sont
qu'une seule et même personne.
Pour capter les images, il faut enfourcher la mobylette aérienne trimbalée
dans un pauvre sac de voyage et se mettre en l'air : se débrouiller pour arriver
à pied d'oeuvre, monter la «machine» n'importe où, découvrir l'aérologie
locale, et chercher à décoller, comme un lapin effaré, en courant avec 30 kgs
sur le dos.
Une fois en l'air, en reprenant son souffle, ce drôle d'oiseau maladroit
commence enfin à regarder en dessous de lui.
On me demande souvent comment je fais pour prendre les photos tout en
pilotant et je réponds invariablement : «c'est simple, j'ai quatre mains !».
Cette «monstruosité» est déterminante dans la démarche photographique.
Si on parle souvent de regard chez les photographes,
celui-là ne peut être que différent, un peu plus
acéré comme celui des oiseaux, mais aussi
perturbé et renforcé par la gestion du
stress qui passe avant la technique.
Regard fugitif, regard du coeur, regard
des tripes ! Et seulement l'impression
de se prendre pour un moustique, un
gentil moustique dont le seul vice est
de caresser la peau de la terre.
C'est toute la différence entre ce type de
vol autonome, dépouillé, aléatoire, mérité
quoi, et d'autres, plus confortables mais
passifs et compensés carbone.
Une façon de voir d'en haut mais pas de haut.
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