Voici une thèse forte et iconoclaste qui déplace radicalement notre vision de l'histoire du xxe siècle : les contours et les transformations des régimes politiques dits " démocratiques " ont été largement déterminés par les propriétés géophysiques des principales énergies carbonées, le charbon d'abord, puis le pétrole. Ainsi, la pesanteur du charbon, la nécessité de l'extraire des mines puis de le charger dans des convois ont donné à ses producteurs un pouvoir considérable : en utilisant la menace d'en interrompre les flux, ils créèrent syndicats et partis de masse, à l'origine des premières démocraties de l'ère moderne. En face, les classes dominantes ont organisé une transition énergétique à l'échelle mondiale : grâce à sa fluidité, sa légèreté et son exceptionnelle concentration en énergie, le pétrole permettait de contourner les réseaux et pouvoirs anciens.
Un autre régime s'est ainsi mis en place, dans lequel la vie politique s'est retrouvée anémiée, la paix sociale et la prospérité des " démocraties " occidentales ont reposé sur l'autoritarisme moyen-oriental, et où la croissance illimitée s'est transformée en religion. Aujourd'hui, ce système est au bord de l'effondrement et nous pose une question cruciale : comment les énergies postpétrole pourront-elles donner naissance à des régimes réellement démocratiques ?
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