Camille Pissarro (1830-1903) occupe une place centrale dans le monde des arts de son temps : membre fondateur de la nouvelle école de peinture française, l'impressionnisme, il a attiré autour de lui Monet, Renoir, Sisley, Degas, Berthe Morisot, puis Cézanne et Gauguin. Soutenu tout au long de sa carrière, malgré l'hostilité tenace du grand public, par le grand marchand d'art parisien Paul Durand-Ruel, il éprouve le sentiment persistant d'être à part, différent et difficile à classer. Installé en France dès l'âge de vingt-cinq ans mais né aux Antilles danoises, il n'est pas français et, de surcroît, il est juif. Il ne s'en cacha jamais et savait que cela n'était pas indifférent dans la société française, ébranlée à la fin du XIXe siècle par la défaite de 1870, les luttes ouvrières et l'affaire Dreyfus. Ses deux passions ont été la peinture et l'éducation artistique de ses enfants. Grâce à une énergie et une disponibilité étonnantes, il ne sacrifia jamais l'une à l'autre et ses cinq fils sont devenus peintres à leur tour.
S'appuyant sur l'oeuvre considérable de Pissarro et sur une vaste collection de lettres qui témoignent d'une nature chaleureuse et d'une grande liberté de pensée, Anka Muhlstein brosse le portrait nuancé et intime d'un artiste à l'esprit indépendant et singulier.
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