Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille,
16 ans, emportée une veille de Noël après quatre jours d'une
fièvre sidérante, Sophie Daull a commencé à écrire.
Écrire pour ne pas oublier Camille, son regard «franc, droit,
lumineux», les moments de complicité, les engueulades, les
fous rires ; l'après, le vide, l'organisation des adieux, les ados
qu'il faut consoler, les autres dont les gestes apaisent... Écrire
pour rester debout, pour vivre quelques heures chaque jour en
compagnie de l'enfant disparue, pour endiguer le raz de marée
des pensées menaçantes.
Loin d'être l'épanchement d'une mère endeuillée ou un
mausolée - puisque l'humour n'y perd pas ses droits -, ce texte
est le roman d'une résistance à l'insupportable, où l'agencement
des mots tient lieu de programme de survie : «la fabrication
d'un belvédère d'où Camille et moi pouvons encore,
radieuses, contempler le monde».
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