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A l'origine, ce livre devait être un véritable « journal de campagne », dans lequel Anne Sinclair tenait la chronique quotidienne de l'élection présidentielle. Ce journal, qui démarrait en mai 2001, devait s'achever le 5 mai 2002 sur le nom du vainqueur. Dans ces « choses vues », dans ces coulisses de la vie politique, Anne Sinclair croquait, avec allégresse, les uns et les autres, et toute la classe des élites républicaines y était portraiturée « en situation ». Jospin et Chirac bien sûr, avec leurs tempéraments si disitincts ; mais aussi les seconds rôles, de François Hollande à Jean-Pierre Raffarin, de Bayrou à Fabius ou à Pasqua, de l'égo surdimensionné de Nicolas Sarkozy à la vanité inextinguible de Olivier Schrameck... Ce journal - ni chiraquien ni jospiniste - proposait donc une exploration de la politique conçue comme une affaire de professionnels et entièrement inscrite dans « le cercle de la raison ». Evidemment, il y manquait un personnage, Jean-Marie Le Pen, que l'auteur s'est toujours interdit de traiter en homme politique comme les autres. C'est dire qu'au soir du 21 avril, Anne Sinclair a compris qu'elle avait privilégié une France qui n'était pas celle qui venait de s'exprimer dans les urnes... A partir de là, son journal prend une autre tournure. Certes, Anne Sinclair continue de suivre au jour le jour les acteurs officiels, mais avec un esprit autocritique sur elle même, sur son regard, sur sa conception de la politique comme pratique raisonnable et rationnelle. Avec elle, nous pénétrons dans l'intimité d'un Parti Socialiste totalement déboussolé. Placée aux premières loges, elle décrit le traumatisme de sa famille politique, l'amère victoire des adversaires d'hier, le triomphe (provisoire ?) d'un tribun populiste. Ce livre est ainsi un document irremplaçable, non seulement par les informations qu'il procure mais aussi par le trouble de celle qui mène l'enquête et qui, à mi-chemin de son investigation, s'avise qu'elle a peut-être été sourde à la réalité de la France d'aujourd'hui.