Sans Gustave Caillebotte (1848-1894), le cours de l'impressionnisme eût été tout autre. Sa peinture nette et grinçante, très présente dans les expositions du groupe, fut pourtant vite écartée des récits canoniques de la modernité. Parallèlement, la plupart de ses chefs-d'oeuvre quittent la France au début du XXe siècle. Et il faut attendre les années 1950-1970- pour qu'on comprenne, à nouveau, la portée historique du peintre et son génie propre. Il éclate dans ses tableaux de rue ou de gare, les seuls à traduire le Paris d'Haussmann dans sa nouveauté. Le même Caillebotte, refusant l'hégémonie du paysage, renouvelle le nu, le portrait et la nature morte, impose partout de nouveaux points de vue, en tous sens, et imprime une énergie décisive à l'image. Qu'en est-il aujourd'hui ? Que nous disent les récentes lectures de l'oeuvre, déterminées par la théorie du genre et la sociologie de la domination sociale ? Ces questions, et d'autres, qui éclairent à neuf l'histoire de l'impressionnisme et sa légende, font de ce livre beaucoup plus qu'une simple monographie. Caillebotte y retrouve son ambition, sa grandeur, son étrangeté, sa pratique des extrêmes. Le vrai peintre de la vie et de la ville modernes, n'est-ce pas lui ?
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