Sur les rives du continent clair-obscur, dans une ville ocre aux
matins bleus, une grande maison jaune. Le ressac de la mer, les
rumeurs de la rue adjacente et les chants d'oiseaux pourraient en
faire un paradis. C'est d'ailleurs ainsi que la voyait Sali, veuve de
l'ancien propriétaire, qui vit là depuis sept ans, lorsque ses
multiples fugues hors du continent ne la font pas dériver ailleurs.
Amère désillusion cependant : alors qu'elle imaginait y trouver un
enracinement possible, un lieu, enfin, d'appartenance, la femme
vieillissante est progressivement rejetée par sa belle-famille. Dans
cette maison où elle pensait se reconstruire, son être entier
commence à s'émietter. Prisonnière d'un espace immense, d'une
rue qui semble l'observer, d'un flot d'images télévisées et de
pensées qui l'assaillent, Sali suffoque et ne sait plus que faire.
Partir ? Mourir ? Se résigner ? Non, il ne faudrait jamais se
résigner dans un monde où, malgré le règne des apparences, la
folie du sang et la médiocrité si bien partagée, des hommes et des
femmes tentent, à leur manière, de survivre.
Récit aux allures de monologue intérieur, Cacophonie plonge le
lecteur au coeur de la détresse et des pensées d'une femme en butte
à la solitude mais aussi aux prisons qu'elle se construit.
Y reviennent, lancinantes, la douleur de l'abandon maternel et la
difficulté de la quête de soi. Un texte âpre mais lucide et nécessaire
sur le monde contemporain, l'Afrique et la construction de soi. Un
texte dont les pages vibrent de la violence du cri longtemps
contenu mais qui, cependant, n'abandonne pas l'espoir qu'a
chacun de trouver, un jour, sa place dans le monde, le «canari où
se reposer»
Nathalie Carré
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