Mai Li Bernard
Brutalopolis
Comme il est dit souvent, il faut de tout pour faire un monde. Ici, toutefois, dans l'univers de Mai Li Bernard, ce serait plutôt l'inverse, très peu suffit, quelques gommettes à peine, grosso modo trois formes et trois couleurs : cercle et figures à trois ou quatre côtés, et trois couleurs de base, rouge, bleu, jaune. Et le miracle a lieu. Avec ce si modique s'érigent ces assemblages, ces compositions, ces systèmes, ces structures, qui ne sont pas sans rapport (à moins de n'y rien voir) avec ce style architectural appelé le brutalisme et caractérisé par la répétition de certains éléments et par l'absence drastique d'ornementation, une sorte de nudité fondamentale en somme dont la structure elle-même se doit d'être exposée. En ce sens, nul doute, il s'agit bien pour Mai Li Bernard de tentatives de brutalisme. Toutefois, ne nous y trompons pas, l'architecture brutaliste n'érige pas seulement des façades, mais aussi fatalement des intérieurs au creux de ces ouvrages, destinés malgré tout à la vie, à la communauté, à la promiscuité, au bien-être, et même à l'utopie, si l'on songe, par exemple, à La Cité radieuse du Corbusier. Et sans doute les collages de Mai Li Bernard répondent-ils à leur façon à cette haute exigence. Ces collages, en effet, ne sont-ils pas eux-mêmes radieux, comme s'ils brillaient de l'intérieur, d'une brutalité rayonnante, des sortes d'édifications luxuriantes, lumineuses, allègres et sémillantes, autrement dit vivantes ?
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